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Aubagne, Centre d’Art Contemporain : « La respiration d'un monstre tapi au fond des profondeurs », de Matt Coco. Du 20 novembre 2021 au 30 avril 2022

Matt Coco est une artiste qui vit et travaille à Lyon. Diplômée de l’Institut d’art visuel d’Orléans après un passage à l’École du Louvre, elle enseigne aussi les arts plastiques en langue des signes pour des adultes.


Aubagne, Centre d’Art Contemporain : « La respiration d'un monstre tapi au fond des profondeurs », de Matt Coco. Du 20 novembre 2021 au 30 avril 2022
Elle mêle différentes techniques pour produire des objets, dessins, pièces sonores, constructions, dans des installations chaque fois renouvelées, adaptées au lieu qui les présente. Jamais figée, sa démarche est en constante évolution, à l’écoute du monde qui nous entoure.

Les matières qu’elle utilise (papier, carton plume, bois, argile, céramique...) donnent une impression de légèreté, de fragilité, d’inachevé : c’est que le temps participe de sa création et peut modifi er ses installations, quand elle ne le fait pas elle-même en intervenant en cours d’exposition.
Elle joue de l’échelle, de l’empreinte, ré-assemble des pièces plus anciennes pour en faire évoluer le sens, dans des paysages chaotiques qui semblent répondre à l’idée d’une catastrophe humaine ou naturelle.
Quel est ce monstre tapi dans les profondeurs ?

Chacun trouvera sa réponse en parcourant les différents espaces de cette exposition qu’on pourra voir et revoir pour en apprécier la richesse et le pouvoir d’évocation.

Matt Coco proposera une visite en langue des signes (ouverte à tous) pour l’ouverture de l’exposition le samedi 20 novembre 2021 à 16h30.

Entretien avec l'artiste

Aubagne, Centre d’Art Contemporain : « La respiration d'un monstre tapi au fond des profondeurs », de Matt Coco. Du 20 novembre 2021 au 30 avril 2022
Matt Coco, comment abordez-vous cette exposition aux Pénitents Noirs ?
Mon travail prend souvent en compte les caractéristiques architecturales, environnementales ou acoustiques d'un lieu.
Je trouve intéressant d'aller fouiller dans les différentes strates de son histoire. Même si je ne suis pas historienne, je « pique » des choses pour travailler sur l'exposition. L'origine de cette Chapelle remonte au XIe siècle, en plein Moyen-âge. J'ai voulu aller rechercher comment l'on considérait la montagne, la mer au Moyen-âge. On n'y marchait pas pour se balader, d'ailleurs de la marche comme flânerie est plutôt née au XIXe.
La mer, le littoral inspiraient de la crainte : les gens pensaient aux marins disparus, aux fonds inconnus, aux remous, écueils ou tempêtes. La mer avait plutôt l'image d'un monstre, d'où le titre de l'exposition. Puis je me suis posé la question de la pénitence : pourquoi les Pénitents noirs, gris ou rouges ? Je suis intéressée par toutes les religions, je ne suis pas croyante, je n'ai pas eu d'éducation religieuse. La pénitence m'intéressait pour cette idée de parcourir le paysage, de la marche pieds-nus, la poussière, les traces. Une grande partie de mon travail consiste à créer du paysage à l'intérieur d'un lieu.

Qu'allez-vous exposer ?
La pièce la plus importante, au fond de la chapelle, s'intitule « Fantôme : partition des fonds ». Ici, le fantôme réside plus dans l'idée de vide, comme celui d'une pièce découpée en fabrication industrielle. Je vais intervenir en enduisant le mur d'argile, comme un motif dessiné par détourage à l'aide de scotch.
Ce visuel sera conçu d'après l'architecture de la chapelle, les colonnes, la voûte. L'argile va vivre et se déliter pendant toute la durée de l'exposition. C'est là que commence le paysage : un espace fait de plans qui se modifie avec le temps. Je m'inspire de la mer, je rejoue des concrétions en céramique sur des poteaux/pilotis, qui feraient penser à des amas de coquillages, d'algues, de sable.
L'ensemble est constitué de six poteaux sur lesquels viennent s'agglomérer les céramiques, dans les tons gris, noir, bleu, vert d'eau. On est sur l'idée de l'eau, du limon. Je ne sais pas comment l'argile va réagir sur ces murs, d'autres formes vont sans doute apparaître. C'est toujours la question de l'impermanence, une forme s'en va et en fait apparaître une autre.
Le volume de la chapelle sera habité par un son. Ce son ponctuera l'exposition : de temps en temps il apparaît dans le silence. J'ai pensé à la cloche de la chapelle, qui infusait dans l'air en rythmant la vie des habitants, en les rassemblant. Un son tous les quarts d'heures et un assemblage de sons aux heures pleines. Il y a aussi l'idée de surprise : le son sera assez puissant et résonnant pour marquer la présence de ce « quelque chose », ce monstre tapi dans le titre de l'exposition.

Comment définir votre démarche ?
Les pièces présentées sont placées sous le signe du paysage en mouvement, presque en crise, en défaillance. Je suis frappée par les ambiances chaotiques, la sensation du coup de théâtre, d'un basculement, d'un glissement soudain. J'ai en mémoire une phrase d'une victime du tsunami au Japon : « En une fraction de seconde, il était là puis il n'était plus là ». On est proche du Déluge, on rejoint la chapelle ici. Pour toutes les croyances, la question du Déluge est toujours présente dans la création d'un monde. Un événement catastrophique a sa part de poésie et de sublime, on ne sait pas vraiment si c'est une fin ou un début. On peut basculer d'un côté à l'autre. Cette interrogation m'intéresse.
Mes pièces se construisent avec la volonté d'impulser une histoire, ce sont presque des détonateurs à histoires. C'est comme un décor, c'est assez proche du théâtre, mais ici ce n'est pas le décor qui sert la pièce, c'est le décor qui crée la pièce. Le public est souvent en demande de comprendre tout de suite une exposition. Il y a un rapport au temps important qu'on accepte mieux dans la poésie, dans la littérature ou le cinéma. Mais on doit pouvoir prendre le temps de regarder, d'arpenter, de revenir plusieurs fois. Les espaces sont liés à nos émotions, qui influent sur notre lecture. On entre dans un univers qui n'est pas le sien, il ne faut pas chercher à comprendre absolument. Tout langage poétique peut avoir plusieurs sens et ne résonne pas de la même façon chez chacun. D'une certaine façon, je pense qu'au travers de mon travail j'essaye d'écrire un livre sans mot.

Matt Coco
2020 Diplôme Langue des signes française, international visuel théâtre, Paris
2000 Obtention du DNSEP option Art à l’institut d’art visuel, Orléans
1994 École du Louvre, peintures et céramiques étrusques, Paris
Au travers de l’installation, du dessin, de la vidéo et du son, Matt Coco développe une recherche transversale liée aux champs anthropologiques, architecturaux, littéraires et mémoriels.

Expositions
2021 L’Érosion de l’inquiétude, en duo avec Yann Lévy, Bourse du travail de Valence
2020 10 ans documents d’artistes Auvergne-Rhône-Alpes, mlis de Villeurbanne
2019 Sounds, Writings and Vibrations, Grame, Erarta Museum, Saint-Pétersbourg
2018 Boustrophédon avec Yann Lévy, Hongti Art Center de Busan, Corée-du-Sud

Info+

Centre d’art contemporain Les Pénitents Noirs
Les Aires
chemin de Saint Michel
13400 Aubagne
04 42 18 17 26

Accès libre du mardi au vendredi de14h à 18h
samedi de de 10h à 12h et de 14h à 18h
Visites guidées les samedis à 15h.
Accueil et médiation de groupes sur inscription à partir de 6 personnes.
lespenitentsnoirs.aubagne.fr/
Aubagne, Centre d’Art Contemporain : « La respiration d'un monstre tapi au fond des profondeurs », de Matt Coco. Du 20 novembre 2021 au 30 avril 2022

Pierre Aimar
Mis en ligne le Vendredi 5 Novembre 2021 à 16:15 | Lu 264 fois

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